La mention d’Ushuaia ne laisse jamais indifférent. Ville la plus australe du monde, capitale de la Terre de Feu, dernière étape avant l’Antarctique, le seul fait de prononcer son nom évoque le bout du monde.
Passées les blagues sur l’émission TV de Nicolas Hulot ou sur la marque de produits cosmétiques, on se demande sérieusement à quoi peut bien ressembler la mythique Ushuaia.
Ushuaia c’est loin. Y aller c’est long et cher, alors la question inévitable surgit :
Est-ce que ça vaut la peine d’aller à Ushuaia ?
Personne ne vous dira le contraire, la ville n’est pas excitante en soi. C’est le fait d’être au bout du monde qui est terriblement excitant ! La question est donc de savoir à quel point (et à quel prix) vous souhaitez allez au bout du monde, et c’est une réflexion très personnelle.
Je ne me suis pas posé cette question car Ushuaia était le point de départ de ma croisière pour le Cap Horn et les fjords chiliens. Il fallait arriver la veille à Ushuaia, alors autant profiter de cette étape logistique pour faire le tour de la ville.
L’immense île de la Terre de Feu a été découverte en 1520 par Magellan. Elle est séparée du continent américain par le détroit qui porte son nom, le Détroit de Magellan.
Ushuaia est située au sud de l’île de la Terre de Feu, au bord du Canal de Beagle qui relie l’Atlantique au Pacifique. Son histoire commence à la fin du XIXe siècle avec les missions d’expéditions britanniques qui établissent les premiers contacts avec les Amérindiens.
Au XXe siècle, la ville s’est développée autour d’une prison pour criminels dangereux : il était pratiquement impossible de s’échapper d’une île si isolée ! Les travaux forcés des bagnards consistaient à couper du bois pour construire la ville.
En 1970, la ville est déclarée zone franche pour favoriser l’implantation d’entreprises et le gouvernement argentin crée un plan de développement pour peupler cette terre lointaine.
Les travailleurs migrants affluent alors de toute l’Argentine car les salaires sont beaucoup plus élevés que dans le reste du pays. Aujourd’hui, la ville compte 65 000 habitants qui vivent principalement du tourisme, de la pêche et de l’exploitation forestière.
Après 3h30 de vol depuis Buenos Aires, nous arrivons au-dessus de la baie d’Ushuaia. Le panorama par les hublots de l’avion sur les monts enneigés est splendide, la chaîne Martial au nord, la cordillère de Darwin au Sud. L’atterrissage est mouvementé, ça souffle ici !
Ushuaia, à seulement 1000km de l’Antarctique, a un climat subpolaire. Les saisons sont peu marquées, il fait environ 5°C toute l’année, avec un ciel le plus souvent nuageux et brumeux. Les gens disent qu’il y a quatre saisons en une seule journée !
Le pôle sud n’est pas loin, on relève 54° 49′ de latitude sud sur la carte. Les journées sont donc très longues en été. J’y suis allée fin Novembre et à 23h il faisait encore jour.
La ville s’est développée de manière anarchique et dans la précipitation. La plupart des maisons sont en tôle ondulée, de toutes les couleurs. Les rues sont très pentues et pas toujours bitumées.
Le centre-ville est coloré et très touristique, avec de nombreuses boutiques de souvenirs et d’équipements techniques pour le froid.
Et des boutiques d’habillement avec en vitrine des mannequins bien en chair…

Au port, on trouve des bateaux en partance pour l’Antarctique ou les Malouines, et des compagnies qui proposent des balades de quelques heures sur le Canal de Beagle pour observer les lions de mer et les oiseaux.
La guerre des Malouines, qui a opposé l’Argentine au Royaume-Uni en 1982 est toujours très présente dans l’esprit des Argentins. Malgré les trois décennies passées, les Nations Unies sont encore aujourd’hui incapables de se prononcer sur la souveraineté des Malouines.
Tout comme à Buenos Aires, il y a près du port d’Ushuaia un monument en souvenir des 649 soldats argentins tombés au combat.
L’araignée de mer, centolla en espagnol, est la spécialité culinaire d’Ushuaia. Vous pourrez aussi essayer le poisson comme la merluza negra, le crabe ou les noix de St Jacques.
Au dîner chez Kaupé, je me suis régalée avec le ceviche de noix de Saint Jacques et la délicieuse centolla de la maison. Entre le service impeccable et la belle vue sur la baie d’Ushuaia, ce n’est pas pour rien qu’ils ont obtenu le prix du meilleur restaurant d’Argentine en 2005.
Ceviche de Noix de Saint Jacques
Centolla
Pour le déjeuner, coup de cœur pour le petit restaurant Maria Lola sur les hauteurs de la ville avec là aussi une belle vue.
Linguine à la centolla
Pour attester que vous avez mis les pieds au bout du monde, vous pouvez vous rendre à l’office de tourisme et faire apposer de jolis tampons sur votre passeport. Comme ça, vous ne serez pas venus pour rien !
Vous essayez et vous me dites ?
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